LANGUES REGIONALES ET
COMMUNAUTARISME
A/ Coup de gueule contre vous
Adichatz, bonjour,
Et voilà! Encore un vieux cliché qui nous tombe dessus... Je suis
très déçue par votre dernier numéro, moi qui apprécie
d'habitude les analyses sur l' ultralibéralisme. Les amoureux de
leur langue presque maternelle, en l'occurence pour moi le béarnais,
c'est à dire l'occitan, se voient traités de communautaristes...
Je suis militante d'Attac, donc altermondialiste, militante CGT,
j'ai milité longtemps à Frères des Hommes et écrit un livre sur
les Sans terre du Brésil. Or il se trouve QUE LE BEARNAIS EST EN
MOI ET QUE NUL NE PEUT M ARRACHER CETTE LANGUE; AU NOM DE QUOI ?
Le grand Félix Castan a su défendre la langue sans provincialisme,
avec l'ouverture au monde. Il y a belle lurette que les langues régionales
ne constituent plus aucun danger pour la République !!! Vous
retardez. Arrëtez de ringardiser, Hilhl de puta !
Défendre la diversité culturelle c'est s'opposer à
l'uniformisation macdonale et nazdaquée. Même l'Unesco vient de
voter en ce sens. Mes amis occitanistes sont loin d'être des réactionnaires,
ou des anti républicains... certes il y a une mouvance mais ultra
minoritaire qui correspond à votre description. Ils flirtent avec
l'extrême droite. Mais, par pitié cessez l'amalgame ! Trop facile
de s'en prendre toujours aux dérives.
Je viens d'éditer un conte fantastique sur le Carnaval occitan qui
se veut un plaidoyer pour toutes les langues minoritaires du monde.
(Les Aventures de Joan de Carnaval, Editions du greffier juin 2005
par Marie Christine Labourie)
Je suis progressiste, Tiers mondiste, altermondialiste et
occitaniste. Et on en a marre d'entendre depuis philippe Val, en
passant par les UMP ou les PS, ou les Républicains, jusqu'à
certains d'Attac, que nous sommes des communautaristes.
Je suis en colère et je vous demande de revoir vos positions
SECTAIRES.
Amistad. Adiu. (j'espère que ces derniers mots en occitan ne
mettent pas en danger la République: il y a déjà eu des chants
occitans de l'égalité pour défendre la République, je peux vous
les envoyer, et un bouquin vient de sortir sur les Carnaval révolutionnaires
de nos régions...).
par Marie-Christine Labourie (ou Maria Cristina Laboria)
B/ Réponse d'Evariste à Marie-Christine Labourie
Voila qu'ça r'commence...
Lorsqu'un républicain dénonce le communautarisme, le débat est
contourné en déclarant qu'il s'en prend aux communautés, la
figure est connue.
Lorsque Christian Gaudray dénonce la prise en compte de
revendications identitaires dans les politiques publiques, en
l'occurrence le fait d'imposer des langues régionales dans la sphère
publique par les exécutifs régionaux sociaux-libéraux/verts, vous
traduisez que l'on s'en prend aux cultures locales et aux
particularismes linguistiques. Contournement à nouveau, qui évite
de se lancer dans le vrai débat, celui du projet politique d'une
Europe des régions, d'une gestion territoriale des inégalités,
d'une segmentation du corps social sur des bases identitaires, et de
la dissolution des solidarités nationales, qui contredisent le
projet libéral.
Parlons de cela, et n'évoquons pas une prétendue attaque contre
les langues régionales. Elles sont une richesse et font partie de
notre patrimoine culturel national. Ceux qui, comme vous, oeuvrent
à leur préservation et à leur promotion doivent être encouragés
et soutenus. Mais il y a une ligne jaune, Marie-Christine
Maria-Christiana : le bilinguisme officialisé. La langue qui unifie
tout le monde, c'est le français, et seulement lui peut être
considéré comme langue officielle et rassembleuse. Non aux langues
régionales dans l'administration, non aux textes officiels écrits
en français, et traduits en basque, en breton, en corse, en
occitan, en kabyle, en créole, en alsacien, en arabe, etc. Non aux
traducteurs régionalistes dans les administrations, non aux
panneaux indicateurs écrits en deux langues, non aux écoles
bretonnes Diwan dans la fonction publique, etc., comme le réclament
divers mouvements régionalistes. Oui, il faut dénoncer
l'utilisation à des fins électorales des instruments
d'identification aux langues régionales pour créer un sentiment
communautaire venant légitimer une politique, et Christian Gaudray
a eu tout-à-fait raison de la faire dans Respublica 407.
Car c'est bien d'un projet politique dont il s'agit, et Alain
Rousset l'a exposé comme tel dans une tribune du journal Le Monde
le 8 décembre dernier. A l'en croire, les maux dont souffrent notre
société ont une cause principale : le " verrou jacobin
". D'où sa réponse à la globalisation néolibérale :
l'abandon du cadre national, forcément inefficient, et le recours
au régionalisme comme nouvel horizon indépassable.
Dès lors, et afin de s'assurer un soutien populaire, les
revendications identitaires sont instrumentalisées pour
institutionnaliser la fracture territoriale.
Vous êtes militante d'Attac, soyez cohérente. Vous luttez contre
la mondialisation neo-libérale, alors luttez contre le régionalisme
diviseur qui fait éclater les structures publiques unifiées (voir
le statut des Atoss dans l'Education nationale), arrêtez de nous
faire passer pour des ennemis des libertés, ouvrez les yeux, et
voyez que l'offensive des langues régionales contre l'unité
linguistique est également une arme de la mondialisation néo libérale
pour faire éclater la République en mille morceaux.
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