LANGUES ET CULTURES DE FRANCE – OÙ EN SOMMES-NOUS ?

 

Notre réseau depuis qu’il existe, à toujours privilégié des démarches de rassemblements afin de construire  un cadre législatif qui permette que les Langues et Cultures de France soient reconnues comme des éléments naturels de notre patrimoine culturel et linguistique.

Un patrimoine vivant  que revendiquait Félix Marcel Castan dans son Manifeste d’août 2000 lorsqu'il parlait en ces termes de l'occitan[1] : « Est-il écrit dans les lois de la République qu’un peuple ne doive pas savoir lire la langue qu’il parle ? Une création littéraire de grande modernité, interlocutrice potentielle de la littérature française actuelle, forte de ses formes esthétiques et des valeurs éthiques (marquées par les littératures catalane, espagnole, italienne, allemande, américaine, par Mallarmé et Rimbaud, le Surréalisme et le nouveau roman), implique des devoirs pour la société : moyens de publication et de diffusion, enseignement qui en assure l’accès. Les admirables pédagogues militants de cette culture multiséculaire, sans Etat doivent soulever des montagnes, et leurs forces n’y suffisent pas (…) » L'essentiel de ces propos, appliqués à l'occitan, pourrait bien sûr être appliqué à l'ensemble des langues de France.

De manifestation en manifestation, comme la dernière en date le 31 mars 2012 en Occitanie, en Bretagne, en Pays Basque, nous avons porté le fruit d’un long débat issu de nos confrontations dans le cadre des élections présidentielles. Le projet culturel du Front de Gauche « Quelle humanité voulons nous être ?- Un projet pour l’art, la culture et l’information » dans les conclusions de son chapitre « Que serait la diversité culturelle sans les Langues et Cultures de France ? » a jeté les bases d’une volonté affirmée de poursuivre un travail de fond sur ces questions en déclarant :

« Afin de donner toute sa dimension au débat positif qui s’est ouvert et de dissiper certaines déclarations qui ne reflètent pas une orientation du Front de Gauche, il est nécessaire d’affirmer une position claire, qui tout en apportant son soutien à cette initiative, favorise la poursuite et l’enrichissement du débat. »[2]

Sur cette base une déclaration très claire a été élaborée que nous avons diffusée dans les différents rassemblements, dont l’accueil a montré l’inégalité des informations sur le sujet.

Nous avons toujours saisi les occasions de travailler à la convergence de toutes celles et tous ceux qui veulent œuvrer pour que les Langues et les Cultures de France soient présentes dans le débat sur la diversité culturelle. Aujourd’hui, certains se contentent de ressasser l’anathème vis-à-vis du Front de Gauche sur cette question, mais ce n’est pas le Front de Gauche qui essaie de contourner les engagements pris devant la population française. Au contraire nous poursuivons notre travail de conviction, sur le fond, y compris pour lever les incompréhensions qui subsistent encore chez certain(e)s élus(es) du Front de Gauche. Ce débat est toujours en cours. Les débats vont commencer au Sénat, puis à l'Assemblée Nationale en seconde lecture. Les associations d'enseignants et de parents d'élèves en langues régionales ont fait des propositions d'amendements. Le texte dans son état actuel est très insuffisant à cause notamment d'une frilosité excessive du gouvernement. Nous comptons sur les élus du Front de Gauche, qui doivent privilégier un dialogue démocratique avec les associations représentatives, pour faire avancer le texte dans le bon sens.

Nous n’avons pas éludé le débat sur la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, sur laquelle on nous estimait « frileux ». Dans son engagement 56 le candidat Hollande écrivait « Je ferai ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires », le Front de Gauche écrivait « Le Front de Gauche, dans sa volonté de refonder une Europe au service des peuples, intègrera les langues et cultures de France comme moyens d’ouverture sur nos voisins européens, en proposant de réviser tant sa constitution que la Charte européenne des langues, pour en permettre sa signature ». Ceux qui nous disaient que la Constitution n’était pas un problème se heurtent aujourd’hui au refus du pouvoir de réviser celle-ci.

Le débat citoyen doit donc se poursuivre et exiger que la question des Langues et Cultures de France soit considérée comme un des points importants de la refondation de la Démocratie et de la nécessité de travailler à une 6ème République. Cette République doit être délivrée de la conception culturelle centraliste, elle exige le dialogue avec les territoires et leur enracinement linguistique et culturel, ce sont là des atouts pour une République forte, apte à appréhender les défis du monde contemporain, face à la menace d’écrasement stérilisant de la diversité au profit d’une monoculture entre les mains des monopoles marchands.

 

Le Réseau Langues et Cultures de France - Front de Gauche des Arts et de la Culture

Le 10 avril 2013

 

[1] : Manifeste Occitan – Contre la « pensée unique », contre le centralisme, pour une nation plurielle – p. 8 – Félix Marcel Castan - éditions Cocagne & Reclams – 2001.

[2] : Quelle humanité voulons nous être ? – un projet  pour l’art, la culture et l’information – p. 104 – éditions Front de Gauche/Bruno Leprince - 2012